• Penser le monde aujourd'hui avec Don Quichotte et Sancho Panza

     

                        Qui fait quoi, à qui, pour-quoi, où, comment et pour le compte de qui...

                

                    Après Rousseau, Morin, Soral, Steiner, Dieudonné, Chevènement, Kémi Séba, Chouard, Chomsky, Bartleby, Clouscard, Paul Ariès, Michéa, Pierre Carles, Emma Bovary, Piero San Giorgio, Atzmon, Guy Debord, Irène Frachon, Georg Lukács, Jules Romains, Louis-Ferdiand Céline, Michel Collon, Wikileaks, Marie Monique Morin, Marcel Duchamp, la Banque, Dupont-Aignan, Clap 36, la Scop Le Pavé, la loi Fabius-Gayssot, Internet, Chauprade, le CNR, Annie Lacroix-Riz...

     

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                      L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche ou L'Ingénieux Noble Don Quichotte de la Manche (titre original en espagnol El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha) est un roman écrit par Miguel de Cervantes et publié à Madrid en deux parties, en 1605 et 1615.

     

     

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                      Don Quichotte et Sancho Panza... mais... qui est l’un, et où est l’autre ?

     

                Certes, pour être brutal, le don Quichotte de Cervantès est bel et bien un mythomane paranoïaque, et son compagnon d'infortune, Sancho Panza, son « médecin » et sa tentative de cure ; il est celui qui, compassionnel et patient, tentera, sans relâche, à chacune des hallucinations de son Maître, de le sauver en tentant de le ramener à la raison : celle de la réalité de ce qui est, de ce qui existe contre tout ce qui n’est pas qui n'est que le fruit d’un cerveau malade, celui de don Quichotte en l’occurrence.

     

    Disons-le sans tarder : ce qui fait que ces deux figures de la littérature mondiale sont attachantes et parfois même, émouvantes, c’est leur bonne foi totale, leur honnêteté sans ombre à tous les deux. Ce qui fait que nous lecteurs, nous ne pouvons pas nous empêcher de les aimer c’est l’absence de vice et d’arrière-pensée chez ces deux personnages. Aucun d’eux n’est manipulateur ou menteur. Aucun d’eux ne manipule l’autre ni ne lui ment : respect, commisération, efforts redoublés, l’un tentant de sauver l’autre… et l’autre d’instruire l’un sur un idéal existentiel : l’esprit de chevalerie.

     

    Mais alors…

     

    Dans cette perspective-là, - un don Quichotte paranoïaque et un Sancho Panza « médecin », et si les don Quichotte d’aujourd’hui, loin d’être attachants, ne faisaient plus sourire personne ? Car enfin, ne serions-nous pas tentés de les juger plutôt détestables tous ces négateurs d’une réalité délibérément travestie dans le but de servir non pas un esprit chevaleresque  - noblesse, courage et générosité -, mais une idéologie, une seule, celle de la domination : la protection des intérêts de la classe dominante, ou plus exactement l’hyper-classe, oligarchie mondiale aux intérêts mondiaux ?

     

    Car ne nous y trompons pas : nous ne sommes plus en présente d’un don Quichotte paranoïaque mais bien plutôt d’un don Quichotte machiavélique : un stratège politique hors pair.

     

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                  Aussi, il semblerait que seuls les Sancho Panza d’aujourd’hui soient encore dignes de considération et de respect. Certes, ils ne sont plus « médecins curateurs » mais activistes lanceurs d’alertes dirons-nous. Et s’ils ont perdu leur jovialité, leur truculence… c’est qu’aujourd’hui, les enjeux sont d’un tout autre ordre : il n’est plus question de ramener à la raison un Don Quichotte égaré et agité mais tendre et pacifique, fou à lier mais dont la folie n’est un danger pour personne excepté lui-même ; il s’agit bien plutôt de dénoncer et de tenter de contenir l’expansionnisme d’un Don Quichotte pour lequel le pouvoir c’est la domination et la fin…tous les moyens : manipulations , corruption, intimidations, assassinats, guerres ; un imprécateur de premier ordre.

     

    Dans une autre perspective maintenant, la plus courante, même si erronée, à savoir… un don Quichotte homme des causes perdues qui se bat contre des moulins à vent alors que l’ennemi, le vrai, est ailleurs mais inaccessible - comme hors de portée -, car péril en la demeure il y a, assurément ! Pas d’erreur là-dessus ! Un don Quichotte non paranoïaque donc, curieusement, il se pourrait bien que la réalité soit aujourd’hui incarnée par ce don Quichotte-là et la fiction, ou plus exactement dans le contexte qui est le nôtre, la falsification des faits aux fins de domination, soit incarné par un Sancho Panza qui n’aurait alors qu’un souci : faire passer notre don Quichotte pour un mythomane paranoïaque aujourd’hui calomnié en tant que "complotiste" décrié par toute une classe politico-économico-médiatique au service de la domination.

     

    Et la dissymétrie entre ces deux personnages est telle que le combat est loin d’être gagné. Toujours dans cette perspective d’un don Quichotte non paranoïaque, force est de constater que dans les faits, chaque jour est une défaite : don Quichotte homme des causes perdues s’effondra vaincu et mourra sans doute épuisé dans un combat pour la vérité d’une réalité de plus en plus évanescente… et Sancho Panza, l’homme de la mystification délibérée triomphera.

     

              En revanche, et pour revenir à Cervantès et à son don Quichotte négateur du réel, la situation s’est aujourd'hui inversée : dans le contexte d’une mondialisation liberticide, sans honneur et sans justice, c'est bel et bien le défenseur de la fausse-réalité, celle de la société du spectacle à une échelle maintenant mondiale, qui a triomphé : Don Quichotte donc, celui qui dit ce qui n’est pas ; et Sancho Panza, le soi-disant complotiste non pas négateur mais pourfendeur de cette fausse réalité, a sans doute déjà perdu même si en ces temps de confusion et de faux-semblants, les puissants avançant masqués, il se pourrait bien que tout le monde soit le don Quichotte de l’un et le Sancho Panza de l’autre car tout est fait pour entretenir une telle confusion qui ne sert qu’un seul intérêt…

     

    Devinez lequel !

     

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               Billet de blog rédigé en réaction à la conférence de Michel Onfray : « Le principe de don Quichotte » en mai 2013 : ICI ; un Onfray qui, comme à l’accoutumée, évite soigneusement de prendre quelque risque que ce soit, dans une approche et analyse plutôt œcuméniques (tout le monde pouvant y trouver son compte : réconciliation et consensus) tout en se gardant bien de transposer cette fable de Cervantes dans un contexte pourtant plus que brûlant : la falsification de la réalité, la distorsion des faits sans doute sans précédent dans l’histoire ( à savoir : qui fait quoi, à qui, où, comment, pourquoi et pour le compte de qui ?) par une coalition politico-énonomico-médiatique pour laquelle ce qui est ne doit pas être.

     

    Aussi, il semblerait bien que Michel Onfray ait lui aussi quelques problèmes avec la réalité liberticide d'une actualité de crises et de guerres aussi mensongères que dévastatrices.

     

    Il n'en reste pas moins qu'Onfray n’est définitivement ni un don Quichotte dans un cas ni un Sancho Panza dans un autre. Une seule réalité lui colle à la peau néanmoins : elle est commerciale et touche au marketing : une réalité qui consiste à devoir vendre des livres au plus grand nombre : pas de vague donc ! Pas de vague, pas de vague, jamais ! Excepté dans le microcosme parisien… dont tout le monde se fout… et dont la réprobation ne vous fera jamais perdre un seul lecteur.

     

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                Images extraites de l'adaptation d'Orson Welles pour le cinéma du roman de Miguel de Cervantes( 1605). Réalisation commencée dans les années 50 et achevée dans les années 70. Ni les acteurs, ni Orson Welles ne verront le film monté. Saluons au passage Akim Tamiroff (Pancho... un fidèle... souffre douleur de Welles) et l'acteur Francesco Reiguera, et toute l'équipe de la post-production : montage image, son, musique et voix.


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