• Montauban - Toulouse : pourquoi là, maintenant ?

     

     

                Un professeur et ses deux enfants, ainsi qu'une autre fillette, ont été tués par balles lundi matin dans l'attaque d'un collège-lycée juif. Le tireur s'est enfui sur un scooter. Deux armes ont été utilisées, l'une d'elles est la même que celle utilisée pour les meurtres de quatre militaires – antillais et maghrébins -, à Montauban et à Toulouse.

     

    Difficile de ne pas penser à ce militant d'extrême-droite norvégien Anders Breivik : Oslo, 15h20, le 22 juillet. Une bombe explose, faisant au moins sept morts et de nombreux blessés. Ile d'Utoya, 16h50. Un individu ouvre le feu sur des personnes qui participent à l'université d'été des jeunes du parti travailliste norvégien. Le bilan de la tuerie est de 77 morts et de nombreux blessés.

     

    Merah et Breivik... ce face à face (celui de l'humiliation ?), même décalé dans le temps (huit mois plus tard), ces deux faces d'une même pièce de monnaie, n'est-ce pas déjà le conflit des civilisations qui se met en place... subrepticement, et un mini-triomphe pour ses protagonistes ?

     

     

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    A tout passage à l’acte correspond un élément déclencheur ; somme d’événements qui altère une situation et engendre une manifestation non plus mentale mais… physique.

     

    Réalisation d’un acte sans parole jusque là contrôlé, donc réprimé par son futur auteur, il est écrit que le passage à l’acte est un moyen d'entrer en relation avec la réalité, mais par excès, en force.

     

    « Il n’y d’acte que d’homme » nous dit Lacan. Et puis aussi : « tout acte au sens vrai est… un suicide du sujet, il peut en renaître, mais il en renaît différent… »

     

    Ou bien encore : là où le langage défaille, l’acte vient à la place de l’indicible.

     

    Montauban, Toulouse, pourquoi là, maintenant ?

     

    Moment de rupture brutal, la décision de passage à l’acte est souvent empreinte d’ambivalence et mais elle reflète toujours une tension, une angoisse à son paroxysme, et donc intolérable.

     

     

     

    Mais... Montauban, Toulouse, pourquoi là, maintenant ?

     

     

     

    Si la réponse à cette question est sans aucun doute complexe (multi- factorielle), est-ce faire preuve d’un opportunisme mal intentionné, voire fâcheux et malhonnête, est-ce intenter un procès d’intention à qui de droit, en attendant de les nommer tous autant qu’ils sont, que de refuser d’exclure de cette réponse les paroles d’hommes et de femmes politiques - pour partie occupant les plus hautes fonctions, sans oublier les sous-fifres de la provocation et de la polémique à la fois pompiers et pyromanes -, qui n’ont de cesse depuis quelques années maintenant, et avec une franche détermination depuis quelques semaines, de souffler le chaud et le froid sur des sujets qui touchent à cette autre France… une France composée de citoyens français ou non manifestement dépourvus des titres de compétences et des accréditations susceptibles de garantir à chacun d'entre qu’on leur fiche une paix royale…

     

    Car , si on ne prête – même fauchés -, qu’aux riches et aux puissants, que les penseurs et les acteurs d’une stratégie de la division et de la tension intercommunautaires ne se fassent aucune illusion : quand le cynisme politique nourrit la folie obsessionnelle de quelque désaxé, anonyme et très certainement isolé, qu’ils sachent tous que le passage à l’acte de ce dernier leur en donnera toujours beaucoup plus que leur stratégie n'était censée provoquer à leur insu, dans le meilleur des cas, ou bien dans le pire… beaucoup plus que cette même stratégie n'en demandait ou n’en réclamait sans toutefois oser y croire.

     

    Et la fusillade qui a pris pour cible une école juive, communauté jusqu’alors épargnée par cette stigmatisation et ce cynisme politique, semble le confirmer.

     

    Mais alors... Montauban, Toulouse, pourquoi là, maintenant ?

     

    Scruter - toulouse mautauban.jpg

     

    Qu'il soit permis ici de rappeler que la mort n'éteint rien ; bien au contraire : elle éclaire tout (1).

     

    Aussi... ne vous arrêtez jamais à la mort ! Et même si le nombre, le prestige des victimes, la mobilisation et les larmes sanctifient... continuez de scruter et de peser... la dégénérescence, le délitement et la déchéance !

     

    __________

     

    1 – Des élites morales et intellectuelles chassées ou bien intimidées, pour le moins absentes comme c'est le cas aujourd'hui, et ce depuis une bonne trentaine d'années ; reste alors une société composée d’acteurs sociaux, politique et de leaders d’opinion sûrs de leur bon droit mais le plus souvent ... chacun pour soi ; des porte-parole bien en dessous des qualités requises à la préservation d’une société apaisée et solidaire réunie autour des plus fragiles sans distinction aucune.


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